La découverte que je vais décrire découle d'une profonde familiarité avec le temple, d'une série d'intuitions et d'une synchronicité majeure qui s'est produite spontanément, sans sollicitation. J'ai (Patrick Kersalé) passé treize années à explorer les galeries du temple d'Angkor Vat, cherchant les instruments musicaux, les danseuses et danseurs, ainsi que l'univers sonore qui animait cette période de l'histoire du Cambodge.
L'Occident aime à comparer le roi Suryavarman II à Louis XIV, le Roi-Soleil, du fait de leurs mégalomanies respectives. Il ne pense pas si bien dire puisque Sūrya (sanskrit : सूर्य, de la racine sanskrite sur ou svar, briller) est le dieu Soleil. Dans la droite ligne des découvertes révélées ci-avant, il y avait fort à parier qu'il existât une relation directe entre le nom du bâtisseur d'Angkor Vat et le système solaire lui-même. Les temples-montagnes des Khmers, avec leurs cinq tours, sont liés symboliquement au mont Meru. Mais la partie centrale d'Angkor Vat a non pas cinq mais neuf tours, comme les neuf planètes sculptées dans le pavillon d'angle nord-ouest de la troisième galerie. Retenons cette hypothèse et considérons la tour centrale comme le Soleil et les huit autres comme les huit autres planètes. On comprend, qu'architecturalement, il n'aurait été inenvisageable, esthétiquement, de bâtir neuf tours de diamètres différents. On pourrait également retenir comme seconde hypothèse que les quatre tours adjacentes à la tour principale représentent les quatre phases de la Lune puisque les Khmers anciens fonctionnaient avec un calendrier luni-solaire. Hypothétiquement et théoriquement, on pouvait s'attendre à ce qu'il existe un rapport proportionnel impliquant le nombre 108 dans le diamètre de ces tours et les dimensions du terrain sur lequel est bâti le temple. Nous avons tout d'abord fait une approche théorique à partir des images satellites de Google Earth :
Pour des raisons de simplicité, nous exprimons les valeurs en mètres car seuls les rapports de grandeurs importent et non les unités de mesure.
Le 26/08/2020, nous sommes allés au Bakan (massif central d'Angkor Vat) afin de vérifier le diamètre des tours (notre photo) : la mesure confirme ces deux valeurs théoriques (à quelques centimètres près ; une marge d'erreur négligeable implique les quatre mesures). Mais ce n'est pas tout. Nous savons, toujours par les Veda, que le nombre 21 représente symboliquement le Soleil. Nous avons vu, au début de notre exposé, que la brasse royale était établie à 2 mètres (réelle ou idéalisée). Nous allons maintenant déterminer diverses dimensions (une fois encore réelles ou idéalisées) probables du roi et les confronter à cette découverte, en utilisant les proportions moyennes définies par la recherche scientifique pour Homo sapiens :
Tentons maintenant de déterminer la relation existant entre le diamètre de la tour centrale (Soleil) et la grande coudée royale, sachant que le nombre caractérisant le Soleil est le 21 :
Ainsi, la tour centrale est égale à 21 grandes coudées royales ! On comprend désormais que le roi Suryavarman ait projeté de reposer au centre du système solaire, c'est-à-dire dans la tour centrale. Cette découverte accrédite la théorie des chercheurs français du début du XXe s. qui considéraient déjà Angkor Vat comme un mausolée et non un simple temple d'état. Cette intuition/raison leur était venue parce que le temple ouvre à l'Ouest (direction du couchant et de la mort) et que les bas-reliefs de la troisième galerie invitent à une circumambulation senestrogyre, c'est-à-dire dans le sens inverse de la course du Soleil. Les circumambulations, dans les rituels funéraires, s'effectuent de cette manière en Asie du Sud-Est (et ailleurs aussi généralement).
Une autre hypothèse concernant le diamètre des quatre tours est liée à la “petite coudée royale” soit la distance séparant l'extrémité du poing fermé et le coude. Nous avons remarqué qu'il existait deux sortes de piliers soutenant le toit de la troisième galerie : ceux dont le côté correspond à une “grande coudée” (il ne s'agit plus là de la “coudée royale” mais celle des ouvriers ou du contremaître) et d'autres mesurant une “petite coudée”. Le rapport de proportion entre les les deux coudées est de l'ordre de 0,8. Or le rapport de diamètre entre la tour centrale et les quatre tours adjacentes est de même valeur. En résumé, le diamètre de la tour centrale fait 21 grandes coudées royales et les quatre tours adjacentes, 21 petites coudées royales.
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