Genèse du projet, par Patrick Kersalé

Patrick Kersalé dans un temple angkorien.

En tant qu'ethno-archéo-musicologue et musicien, j'ai consacré mes efforts à une étude approfondie et à la reconstruction des instruments de musique traditionnels khmers au Cambodge entre 2009 et 2022. Mon objectif était de restaurer un sentiment de fierté et de valorisation au sein de ce peuple qui a traversé des siècles de souffrance due aux invasions, aux conflits armés et à un génocide, en puisant dans leur riche héritage culturel ancestral.

Tous mes travaux ont été publiés sur le site Sounds of Angkor.


Une démarche atypique

Ma recherche est atypique et ma méthodologie protéiforme. Je ne suis affilié à aucune institution ou université, aussi je dispose d’une totale liberté de décision, de financement et de publication, mes travaux étant partagés sur le Net. Cette indépendance ne m’empêche pas de recourir à des experts internationaux dans des domaines tels que la sculpture, la métallurgie, la céramique, l’épigraphie ou la linguistique.

Les prémices de mes recherches au Cambodge remontent à 1998 et prennent corps en 2009. Dès le départ, un terrible constat : à quelques rares exceptions près, articles et ouvrages traitant des instruments de musique anciens ont été écrits par des non-musicologues qui, se copiant les uns les autres, ont entériné pour l’éternité pléthore d’absurdités. Je décide alors, en mon âme et conscience, de tout reprendre à zéro en partant des sources iconographiques des temples, de l’épigraphie, des objets issus des fouilles et de l’ethnographie.

Mais toute cette méthodologie de recherches appartient au champ de l’investigation classique. Elle est limitée car confrontée d’une part à la finitude et l’intangibilité des sources et, d’autre part, à nos limites physiques, intellectuelles et matérielles. Après plus de treize années passées à ausculter l’iconographie des temples, mon œil expert ne voyait plus le cadre général. Il était temps de prendre des dispositions. La première fut de partager et confronter mes connaissances in situ, dans les temples, avec des Cambodgiens ou des Occidentaux. Leurs questionnements devinrent sources de nouvelles réflexions et parfois aussi “d’effets eurêka” ! La seconde consista à reprendre certaines visites avec un néophyte dont l’œil neuf était capable d’appréhender le cadre général et non plus spécifique, de poser des questions à large spectre. La troisième fut de travailler avec des médiums pour tenter de retrouver ce que la nature et les aléas de l’histoire avaient effacé, mais uniquement des non-cambodgiens afin de limiter le risque de collusion culturelle. Enfin, la quatrième disposition consista à me faire confiance et à développer certains dons personnels, comme l’intuition validée par les synchronicités, ou encore les requêtes dans le Champ Unifié.

Synchronicités

Entre 2017 et 2020, je suis missionné par l’UNESCO et le Ministère de la Culture et des Beaux-Arts du Cambodge pour effectuer une recherche autour d’un instrument musical khmer classé au Patrimoine : le Chapei Dang Veng, littéralement “luth à manche long”. À travers cette recherche, je découvre les synchronicités, c’est-à-dire l'occurrence simultanée d'au moins deux événements sans lien causal, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Elles se manifestent généralement après un travail intense autour d’un sujet au service du bien commun, en l’occurrence, la réappropriation de sa culture ancienne par le peuple cambodgien.

Les synchronicités se manifestent de diverses manières. Elles adviennent à des moments inattendus, à travers des rencontres improbables avec des personnes physiques, des sons audibles en temps réel en relation avec l’objet d’une requête, des messages écrits ou la chute fortuite d’objets lourds, pourtant normalement scellés. Elles se manifestent en rafales avec une distanciation temporelle de quelques jours à plusieurs semaines. Enfin, elles s’accompagnent d’une joie ineffable, ne laissant aucun doute quant à leur nature. Je schématiserais les processus de découvertes de la manière suivante :

  • Cas n° 1 : Investigation classique => Découverte
  • Cas n° 2 : Investigation classique => Intuition
  • Cas n° 3 : Investigation classique => Intuition => Validation par une synchronicité => Validation formelle lorsque cela est possible.

À propos du fonctionnement des synchronicités

D’une manière générale, notre mission terrestre est guidée par La Conscience qui régit l’Univers. Sur son Chemin de Vie, chacun conserve un libre-arbitre. Mais quelle est notre part de choix ? Comment distinguer La Voie Juste de nos aspirations personnelles ? Lorsque nous nous trouvons sur un chemin, fut-il physique ou spirituel, et que se présentent deux options, la raison indique parfois d’opter pour la première et l’intuition pour la seconde. Il semblerait que le cerveau fonctionne de manière quantique et que ces deux options soient superposées à la manière des particules ! C’est à de tels moments qu’une synchronicité confirme avec force notre intuition, battant en brèche les assauts du mental. Avec le temps et la succession des synchronicités, une confiance et une complicité s’installent entre le Soi et la Conscience.

Fort de ces expériences qu’au début je considérais comme extraordinaires, mais au final juste “normales”, je ne vois aucun tabou à utiliser ce type d’outil pour faire de la recherche. Acceptable ou non, des résultats tangibles, vérifiables, attestent de la pertinence de la méthodologie.

Une recherche boostée

C’est donc autour de ces deux paradigmes expérimentaux, les synchronicités et le Champ Unifié, que mes recherches se poursuivent. Je perçois votre scepticisme ! Je le conçois et le respecte. Mais si ces deux paradigmes n’étaient qu’un fantasme, comment expliquer que l’on puisse trouver ce qui est caché ? Je ne parle pas de données non vérifiables, mais d’éléments factuels que quiconque peut voir ou toucher. Lorsqu’une synchronicité valide une intuition et que la science valide la synchronicité, c’est bien qu’il existe, quelque part dans l’Univers, une mémoire du passé (et du futur également puisque la physique quantique affirme que le futur existe déjà !). Ce simple constat nous renvoie à notre conception illusoire du temps. Albert Einstein ne disait-il pas que le passé, le présent et l'avenir ne sont qu'une illusion obstinément persistante ?